Avenir de la TNT et consultation publique 2025 accès au PDF libre et gratuit. Geosat antenniste Albi
Description
Notre avis chez Geosat à Albi :
La TNT est l’un des derniers bastions de la gratuité de réception pour les utilisateurs (c’est à dire sans payer un abonnement à un opérateur de réseau fibre), c’est la raison principale pour laquelle elle devrait être préservée le plus longtemps possible au-delà de 2035, voire jusqu'en 2040 ou plus...
Les canaux libérés en juin 2025 doivent servir à augmenter la couverture des services de chaînes gratuites en UHD et associée à des services HbbTV
Gratuité, qualité d’image et de son, liberté de réception par une antenne individuelle ou collective et alternative de réception en complément de la fibre optique, cette dernière n’étant pas toujours fiable ni disponible partout avant longtemps !
Intervention ARCOM lors du Colloque sur la TNT en 2023
Quelques extraits de la consultation publique :
"Les habitudes de consommation évoluent et se diversifient Depuis les années 1950, la télévision occupe une place centrale dans les foyers français. Initialement hégémonique, exclusivement linéaire et indissociable du téléviseur dédié à sa réception, elle est confrontée, depuis la fin des années 2000 et la croissance de l’internet à haut débit, à la concurrence de la vidéo à la demande. Elle a su évoluer pour maintenir sa position, en proposant des services d’une qualité technique toujours plus grande, et en associant au flux linéaire des services interactifs complémentaires accessibles par internet, comme les services de télévision de rattrapage, qui font désormais partie intégrante de l’expérience télévisuelle. Ces innovations ont permis à la télévision de rester le service audiovisuel dominant en termes d’audience, bien qu’elle soit désormais concurrencée par des services de vidéo à la demande par abonnement (VàDA) ou financés par la publicité. Ces nouveaux services à la demande15 sont dominés par de grandes entreprises internationales et tirent parti de catalogues négociés à l’échelle mondiale. Ils bénéficient d’une visibilité renforcée sur les interfaces des téléviseurs connectés, qui deviennent progressivement le portail principal d’accès aux contenus, reléguant la télévision traditionnelle, autrefois accessible directement via une touche de la télécommande, à une simple icône parmi d’autres. Cette transition n’est pas seulement guidée par l’industrie : elle répond également aux attentes des spectateurs, qui, toutes tranches d’âge confondues et particulièrement parmi les plus jeunes, recherchent de plus en plus des services interactifs et personnalisés16, comme en témoigne la consommation audiovisuelle croissante sur les services de VàDA, les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos17. Ces nouvelles habitudes s’additionnent à la consommation de la télévision, davantage qu’elles ne s’y substituent18, grâce à l’émergence de nouveaux écrans. Ainsi, la consommation de vidéos sur smartphones et tablettes s’intensifie, tandis que le nombre de foyers équipés d’un téléviseur diminue lentement, passant sous la barre symbolique des 90 %. 15 Par exemple Netflix, Amazon Prime Video, Disney+, Apple TV+ 16 Selon Médiamétrie, en janvier 2024, plus de deux Français de 15 à 24 ans sur trois ont regardé une plateforme de VàDA dans les douze derniers mois, contre une personne sur deux dans le reste de la population. Selon l’observatoire de la vidéo à la demande de janvier 2024, publié par le CNC, fin 2023, les 18-24 ans consomment 83 % de vidéo à la demande contre 17 % en linéaire. 17 Selon l’observatoire de la vidéo à la demande, fin 2023, pour la première fois en France, les 18-64 ans ont davantage consommé de vidéos à la demande (53 %) que de contenus linéaires (47 %). Même au sein de la population plus âgée (55-64 ans), la consommation de vidéo à la demande a progressé de près de dix points en quatre ans, bien que les trois-quarts de leur consommation de vidéo demeurent linéaires. 18 Selon le Médiamat de Médiamétrie, en 2014, la durée d’écoute individuelle (DEI) de la télévision était de 3h41, contre 3h19 en 2023. Dans le même temps, la DEI de contenus à la demande, quasiment nulle il y a dix ans, a atteint 1h32. 5 Les modes de réception de la télévision linéaire reflètent également l’attrait croissant pour l’interactivité. Ainsi, la télévision hertzienne terrestre, largement dépourvue d’interactivité (malgré quelques services HbbTV19 pour les foyers dont le téléviseur est connecté à internet), connaît un déclin constant depuis les années 2010 (cf. la figure ci-après). La TNT est aujourd’hui utilisée par environ deux foyers équipés d’un téléviseur sur cinq. En revanche, l’IPTV, adoptée par plus de 70 % de ces foyers, progresse grâce à une offre riche, des fonctionnalités interactives, son accès aux services à la demande et le déploiement croissant de la fibre optique. Figure 2 : Modes de réception de la télévision au sein des foyers équipés d'un téléviseur20 Malgré ce recul généralisé, la TNT demeure le mode de réception exclusif de la télévision pour un foyer équipé d’un téléviseur sur six. Cela s’explique notamment par des contraintes économiques et par la facilité d’accès aux services. Ainsi, ce sont surtout les foyers modestes et/ou âgés qui continuent de privilégier la TNT, tandis que l’IPTV, nécessitant un abonnement, séduit davantage les populations urbaines, jeunes et aisées21. En outre, du fait, notamment, de l’obligation de reprise du plan de numérotation de la TNT par l’ensemble des distributeurs de la télévision, imposée par la loi du 30 septembre 1986, la TNT est une vitrine pour les chaînes nationales qui y sont autorisées et qui représentent plus de 90 % de l’audience TV en 2023, tous modes de réception confondus22 et ce, malgré la concurrence de plusieurs centaines de chaînes dites « cabsat », disponibles en satellite ou en IPTV. Ces dernières semblent néanmoins conserver une part d’audience stable, malgré la concurrence croissante des services de SMAD23. Question 1. Partagez-vous cette analyse ? Quelles différences de consommation y a-t-il entre les modes de réception de la télévision ? Entre les catégories sociales, territoriales et démographiques ? Disposez-vous 19 Les spécifications HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV) permettent la diffusion et la réception d’éléments d’interactivité accessibles directement via la TNT, à condition d’être également connecté à la TNT. 20 Selon les données de l’observatoire. Avant 2015, le câble était compté comme un mode de réception à part entière. Dans un but de clarification, le recours au câble a été ventilé entre le service antenne (à part constante de 4,2%, cohérente avec la stabilité du service antenne depuis 2015) et l’IPTV. 21 Par ailleurs, selon l’observatoire, les foyers dépendant exclusivement de la TNT pour recevoir la télévision vivent davantage en milieu rural (46,7%) que les foyers dépendant exclusivement de l’IPTV (37,9%). 22 Selon le Médiamat annuel de Médiamétrie 23 Selon l’étude ACCeS / NPA Conseil (novembre 2024) sur les nouveaux chemins de croissance des chaînes thématiques en France, l’audience des chaînes thématiques en France atteint 22% de l’audience totale des abonnés à la télévision payante et regroupe 48,1 millions de téléspectateurs par mois. 38,5% 42,7% 16,6% 71,2% 52,5% 49,7% 11,7% 5,0% 15,0% 25,0% 35,0% 45,0% 55,0% 65,0% 75,0% 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 TNT TNT + service antenne Exclusif TNT IPTV (Fibre + ADSL) IPTV (Fibre) Exclusif IPTV Satellite 6 d’éléments complémentaires et, si possible, de données chiffrées que vous souhaiteriez partager, notamment concernant l’évolution observée de ces tendances et leurs perspectives probables à horizon 2030 et au-delà ? 2. Le secteur s’adapte aux usages des téléspectateurs Face à l'évolution des usages, les éditeurs de télévision linéaire ont enrichi leurs offres avec des services non linéaires accessibles sur internet : rattrapage de programmes, contrôle du direct et catalogues de vidéos à la demande. En parallèle, de nouveaux formats comme les chaînes FAST (Free Ad-Supported Streaming TV), accessibles en ligne et financées par la publicité, ont émergé, proposant souvent des contenus thématiques ou le catalogue d’un même programme. Ces innovations s’appuient sur le développement de l’internet haut débit, qui a rapidement transformé le paysage audiovisuel français. Dès 2002, les offres dites « triple-play » des FAI – combinant internet, télévision et téléphone à des prix compétitifs – ont démocratisé la télévision par internet. Cette alternative, plus simple à mettre en œuvre et abordable que la télévision par satellite, a concurrencé sévèrement les services payants de la TNT, entraînant un déclin de l’offre. En décembre 2024, le Groupe Canal+ a annoncé la restitution des fréquences TNT24 pour la diffusion de ses 4 services payants, qui n’étaient plus consommés sur la TNT que par 70 000 abonnés, selon le communiqué du groupe. Cela questionne le devenir de la TNT payante, qui pourrait se retrouver réduite au seul service Paris Première (M6), auquel il n’était possible de s’abonner qu’à travers l’offre Canal+ jusqu’à présent. Afin de conserver son attractivité, la diffusion hertzienne terrestre n’a pas cessé d’évoluer technologiquement, passant de l’analogique au numérique entre 2005 et 2011, puis à la HD entre 2008 et 2016. Entre 2018 et 2020, l’Arcom a mis au jour deux axes de modernisation : l’amélioration de la qualité d’image (par l’adoption de l’UHD) et l’intégration de HbbTV. Concernant ce dernier point, le succès du triple-play a poussé les éditeurs à s’appuyer sur les solutions interactives des FAI, contrairement à d’autres pays européens où HbbTV est beaucoup plus développé, laissant la TNT largement dépourvue d’interactivité25. France Télévisions a lancé une offre UHD en janvier 2024, permettant de diffuser France 2 et France 3 (pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024) en UHD sur un nouveau multiplex26 couvrant 75 % de la population. Pour l’heure, aucun éditeur privé ne s’est encore joint durablement à cette initiative27. Enfin, ces dernières années, l’accroissement de la pénétration du très haut débit (THD) a permis le développement de services accessibles directement sur internet, indépendamment des FAI. Les éditeurs de la télévision traditionnelle ont rejoint cette tendance, en développant leurs propres plateformes autodistribuées, ne nécessitant que l’installation d’une application ou l’utilisation d’un navigateur internet28. Au sein de ces plateformes, les éditeurs ont une grande latitude pour présenter leurs contenus et, le cas échéant, les commercialiser, tout en permettant un lien direct avec les utilisateurs. Question 2. Quelles sont les implications de l’évolution des habitudes de consommation sur la stratégie des éditeurs et des distributeurs en matière de diffusion et de distribution de programmes audiovisuels et d’investissement d’ici 2030 et au-delà ? 24 Canal+ a justifié ce désengagement en comparant les faibles revenus tirés des abonnements à la TNT aux coûts de diffusion, alors que l’équilibre de son modèle économique sur la TNT a été remis en cause par la fin de l’autorisation de sa chaîne gratuite C8 et que le groupe fait face à un redressement fiscal de 655 millions d’euros. 25 A l’exception notable du portail HbbTV d’Arte, de celui de NRJ12 ou de M6+ dont l’arrivée progressive en HbbTV a été annoncée le 9 janvier 2025. 26 En télévision numérique, un multiplex permet de diffuser un certain nombre de services de télévision sur une même fréquence, là où la télévision analogique ne permettait la diffusion que d’une seule chaîne par fréquence. 27 M6 a toutefois diffusé l’Euro 2024 de football sur une chaîne TNT éphémère en HD 1080p et HDR, soit dans une résolution moindre que la 4K, mais supérieure à celle de la TNT HD actuelle et avec des contrastes améliorés. Par ailleurs, le 8 janvier 2025, Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1, a estimé, dans une interview au Monde, qu’un éventuel arrêt des services payants de Canal Plus libèrerait « […] un espace pour la diffusion de certaines grandes chaînes en ultra haute définition, ce qui permettrait à la plateforme TNT de se moderniser. » 28 Par exemple, le service public de télévision propose la plateforme France.tv, tandis que les éditeurs privés proposent des plateformes telles que RMC BFM Play, M6+ ou TF1+. Ces deux dernières plateformes ont été lancées en 2024, en remplacement d’autres services moins aboutis. 7 3. Les modes de réception de la télévision diffèrent dans leurs caractéristiques 3.1. La TNT Avantages : + Une offre interopérable et accessible sans condition de moyens : L’accès à la TNT est simple, notamment pour les personnes âgées peu familières avec Internet. Son cadre réglementaire garantit une bonne accessibilité pour les personnes malvoyantes ou malentendantes. Elle offre un socle de chaînes gratuites, nationales et locales, accessibles anonymement et, associée à HbbTV, elle peut servir de porte d’accès aux offres non-linéaires des éditeurs si elle est couplée à une connexion à internet. Enfin, l’utilisateur peut choisir le téléviseur qu’il souhaite parmi une large sélection d’équipements dont les caractéristiques et le prix varient, avec la garantie de pouvoir y recevoir l’offre de TNT. + Une couverture large, économe et adaptée à la communication de crise : Le réseau couvre plus de 95 % de la population, y compris dans les zones rurales isolées, et se distingue par sa robustesse et sa gestion nationale. Cette fiabilité en fait un outil essentiel pour informer la population en cas de crise29. En outre, l’indépendance vis-à-vis d’internet assure une meilleure résilience aux cyber-attaques. Enfin, c’est le mode de diffusion télévisuelle le plus économe en énergie 30. + Un environnement privilégié pour les éditeurs nationaux : Pour les éditeurs, la TNT garantit un lien direct avec le public et une meilleure maîtrise de l’audience, ainsi qu’un environnement concurrentiel stable et encadré. Enfin, le nombre limité de services et l’encadrement de la numérotation garantit une visibilité constante et importante. Cette visibilité est tout particulièrement essentielle pour les services de télévision publique qui représentent près du tiers de l’offre de TNT gratuite (5 services édités par France Télévisions, Arte et LCP) et apportent aux Français une programmation différenciée de celle proposée par les acteurs privés conformément à leurs obligations légales et, s’agissant de France Télévisions, réglementaires31. + Une offre dont la qualité et le pluralisme sont assurés par un cadre légal sécurisant pour les téléspectateurs : la délivrance d’autorisations d’utilisation des fréquences se fait en contrepartie d’obligations légales et conventionnelles (négociées avec l’Arcom), bien supérieures à celles des autres chaînes. Le régulateur dispose notamment de davantage de latitude pour imposer des engagements de programmation. Cette politique du mieux « disant culturel » bénéficie ensuite à l’ensemble des modes de diffusion, les chaînes de la TNT y étant disponibles."